Les deepfakes et fake news représentent une menace croissante dans notre environnement numérique. Ces vidéos truquées, créées grâce à l’intelligence artificielle, peuvent tromper même les observateurs les plus avertis.
Entre risques pour la réputation, escroqueries financières et désinformation, ils constituent un vrai fléau sur internet et sur les réseaux sociaux.
Pour éviter de telles galères, il est crucial de comprendre ce phénomène et d’acquérir les bons réflexes pour s’en protéger efficacement.
Comprendre les deepfakes : définition et fonctionnement
Deepfake est un mot qui se compose de deux termes : « deep » et de « fake ». Le mot deep provient du terme « deep learning ».
Il s’agit d’une méthode d’intelligence artificielle utilisant plusieurs algorithmes pour extraire des éléments à partir de données brutes.
Il peut apprendre des données non structurées, telles que le visage humain et les mouvements physiques. Et c’est ce qui permet de recréer des vidéos aussi réalistes.
L’IA collecte vos données issues d’autres vidéos, pour ensuite les traiter. Et elle s’en sert pour créer une vidéo deepfake via un système de Machine Learning spécialisé.
Il y a donc deux réseaux neuronaux, le premier qui collecte les caractéristiques, et le second qui génère les nouvelles données mais avec les mêmes caractéristiques.
Depuis la création des sites deepfake, ils ont connu une évolution incroyable. Les fausses images et vidéos truquées deviennent de plus en plus réalistes, et c’est ce qui a tourné les utilisateurs vers un usage maléfique.
En plus de falsifier les mouvements, ils falsifient les voix. C’est ce qui fait du deepfake une menace très dangereuse, surtout pour les personnes influentes.
Les différents types de menaces liées aux deepfakes
Les vidéos truquées se sont imposées dans tous les secteurs, même celui de la politique. Mais le plus souvent, on les voit dans les situations personnelles où une personne veut se venger ou faire du chantage.
Un exemple, le PDG d’un fournisseur d’énergie britannique a perdu 243 000 $ suite à un deepfake vocal du responsable de sa société lui ayant demandé de réaliser un transfert de fonds en urgence.
L’audio était si réel qu’il s’est exécuté sans vérifier. La somme n’a pas été versée au siège, mais sur un compte. Le PDG s’en est rendu compte quand son « patron » lui demande d’effectuer un autre transfert, et malheureusement, il était trop tard pour rattraper son erreur.
Des affaires impliquant le gouvernement français, et en particulier le Ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian ont aussi eu lieu. Le responsable est actuellement en jugement : Gilbert Chikli, accusé d’usurpation d’identité.
Son but était de se faire passer pour le ministre dans un deepfake et demander de l’argent à des personnes haut placés afin de sauver des otages français.
Il y a d’autres escroqueurs qui font du chantage aux célébrités et aux directeurs d’entreprises en menaçant de publier des vidéos truquées compromettantes.
Dans d’autres cas, les arnaqueurs font chanter les salariés pour obtenir des accès, des mots de passes, et autres privilèges pour obtenir des données sensibles.
Pire encore, des fausses vidéos pornographiques pour menacer des femmes célèbres, journalistes, etc. Cette technologie étant très accessible, on peut s’attendre à des cas plus abominables d’ici quelques années.
Les outils et techniques pour détecter les deepfakes
Face à tous ces drames, la législation s’est mise à contrer les deepfakes. L’État de Californie a créé deux projets de loi.
Il y a l’AB-602 qui interdit le recours à la synthèse d’images humaines pour créer des images pornographiques sans le consentement de la personne concernée.
Puis l’AB-730 qui interdit la manipulation d’images de candidats politiques durant les 60 jours après l’élection.
Mais comme vous vous en doutez, cela est loin d’être suffisant. Face à cela, les entreprises de cybersécurité ont mis en place des algorithmes de détection.
De nouveaux outils apparaissent, toujours plus nombreux et toujours plus performants. Ils analysent l’image vidéo et sont capables de détecter les distorsions les plus infimes qui résultent du processus de falsification.
Car oui, faire passer un visage en 2D dans une vidéo 3D, ça laisse des traces visibles.
Les signaux d'alerte visuels et sonores
Il est possible de détecter le contenu de deepfake en vérifiant quelques signaux spécifiques :
- Positionnement inhabituel du visage ;
- Expressions maladroites ;
- Mouvements du visage ou du corps non naturels ;
- Couleurs incohérentes sur l’ensemble de la vidéo ;
- Apparences bizarres lorsque vous zoomez l’image ;
- Son mal adapté ou incohérent ;
- Clignement des yeux non naturel ;
- Fautes d’orthographe et des phrases grammaticalement incorrectes ;
- Déroulement des phrases ne semble pas naturel ;
- Adresses électroniques suspectes ;
- Messages hors sujet ou non pertinents.
Vous devez rester à l’affût des incohérences comportementales des personnes dans la vidéo. Si possible, comparez avec une autre vidéo pour mieux détecter les failles.
Quel que le logiciel utilisé, un deepfake ne peut pas reproduire avec précision les traits de personnalité.
Les solutions de vérification automatisée
Si vous ne parvenez pas à détecter les signes vous-même, il existe aujourd’hui des outils conçus à cet effet. L’innovation aujourd’hui permet de les détecter plus facilement :
- Adobe : ce grand maître du digital a créé un système permettant aux créateurs de mettre une « signature numérique » sur leurs vidéos et photos. Celle-ci comporte des informations détaillées sur la création du contenu, ce qui permet d’en vérifier l’authenticité.
- Microsoft : Microsoft a créé un outil de détection fonctionnant avec une intelligence artificielle pour analyser les vidéos et les photos. Il indique avec précision le taux de probabilité de manipulation.
- Opération Minerva : cet outil utilise le catalogage des sites deepfakes connus et des empreintes numériques. Les vidéos sont comparées à ce catalogue pour détecter les éventuelles modifications.
- Outil de détection Sensity : la plateforme propose un logiciel qui détecte les médias falsifiés. Son fonctionnement est le même que celui des antivirus. En cas de contenus falsifiés, elle envoie une alerte par courrier électronique.
Quelle que soit votre situation sociale, professionnelle ou personnelle, vous n’êtes pas à l’abri des deepfakes. Alors restez vigilants, cela vous épargnera les éventuels coûts financiers, mais surtout le stress de devoir affronter un chantage.